Login

Santé Un agent anti-cancéreux dans le vin rouge ?

D'après une nouvelle étude scientifique, française cette fois-ci, le vin rouge aurait des vertus anti-cancéreuses grâce à la présence de l'acutissimine, une enzyme qui se formerait lors du vieillissement du vin en fût de chêne.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L'actualité scientifique n'est pas avare de bonnes nouvelles. Cette fin de l'année 2003 nous a par exemple livré les résultats d'une étude confirmant les effets bénéfiques du vin sur la santé. Des chercheurs français, une fois n'est pas coutume, ont en effet montré que le vin rouge pouvait receler un agent anti-cancéreux ayant pour nom l'acutissimine A. Cette enzyme n'est pas une inconnue pour les scientifiques : découverte il y a 16 ans dans de l'écorce de chêne, elle appartient à la famille des polyphénols, ces molécules antioxydantes elles aussi bien connues des spécialistes du vin et de la santé.

Selon une étude réalisée par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr. Stéphane Quideau, de l'Institut européen de chimie et de biologie (IECB) de Bordeaux, l'acutissimine contenue dans le vin rouge inhiberait la croissance des cellules cancéreuses. Des scientifiques japonais avaient déjà découvert que l'effet de l'acutissimine A était 250 fois plus puissant que celui d'un anti-cancéreux de référence, le VP-16 (étoposide). D'après les chercheurs français de l'IECB, cette étonnante substance naturelle serait présente dans le vin rouge (déjà réputé plus riche en antioxydants que le vin blanc) élevé en fût de chêne. La molécule se formerait en effet dans le vin au cours de son vieillissement au contact du chêne.

De l'acutissimine A a été obtenue en laboratoire en provoquant la réaction de la vescalagine, un composant du bois de chêne, avec une molécule du raisin : “Le vin est une solution hydroalcoolique présentant une acidité suffisamment élevée pour enclencher une réaction chimique entre la catéchine ou l'épicatéchine (une forme d'antioxydant NDLR), du raisin et la vescalagine du bois de chêne extraite par le vin au cours de l'élevage”, explique Stéphane Quideau.

Une meilleure efficacité de la chimiothérapie

Mais l'étude n'a pas permis de déterminer à quel moment la richesse du vin en acutissimines A est optimale : “le vin est un milieu réactionnel en perpétuelle évolution. Les acutissimines se forment et se transforment au cours de l'élevage et du vieillissement en bouteille... Un vin jeune chargé en composés issus du bois de chêne à la sortie de l'élevage ou additionné de tanins œnologiques (souvent des produits dérivés du chêne) ou de copeaux, comme le font les Américains, serait probablement plus susceptible de contenir une
concentration plus importante en acutissimines” estime le chercheur.

Les résultats publiés par les chercheurs bordelais de l'IECB sur ces possibles propriétés anti-cancéreuses du vin rouge vont en tout cas dans le même sens que les conclusions d'autres études antérieures. Des scientifiques ont démontré il y a quelques années qu'un des polyphénols du vin rouge, le resvératrol (qui pourrait aussi ralentir le vieillissement des cellules selon une autre étude) pouvait empêcher le développement de cellules cancéreuses et avoir des propriétés anti-inflammatoires.

En 2000, des chercheurs anglo-saxons ont découvert à l'issue d'une étude en laboratoire que le resvératrol pouvait inhiber l'action d'une protéine qui permet à des cellules malignes de se protéger des traitements anti-cancer, comme la chimiothérapie par exemple. D'après ces scientifiques, le resvératrol du vin rouge permettrait une meilleure efficacité de la chimiothérapie.

Agent de protection contre le cancer et les maladies cardiovasculaires, doté selon certains de vertus antibiotiques et anti-vieillissement, le vin rouge n'en finit pas d'intéresser les chercheurs par ses effets étonnants sur l'organisme humain. Des effets qui, rappelons-le, sont toutefois indissociables d'une consommation modérée de vin...

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement